vendredi 25 octobre 2013

Comment résister... ou pas... a la pression de l’américanisation...

Alors voilà, moi il y a des choses que j’avais dit que je ne ferais jamais aux USA. Comme par exemple :

1. Manger du fast-food tous les jours…
Oui mais voilà, c’est quand même pratique ! Ce n’est pas cher, c’est rapide et on n’a pas besoin de cuisiner…

2. Agiter des petits drapeaux américains…
Oui mais voilà, c’est quand même bien tentant lorsqu’on arrive en haut d’une montagne après 3h30 de grimpée !

3. Acheter des gâteaux aux boyscouts américains…
Oui mais voilà, tu fais comment pour refuser quand c’est l’assistante de la DRH qui se pointe en te disant : « tu veux bien aider mon Tommy en achetant son pop-corn ? C’est pour récolter des fonds pour les boys Scouts… »…


Mais quand même, il y a bien quelque chose sur laquelle je ne flancherai pas : je n’ai pas de voiture ! Ne pas avoir de voiture aux usa c’est comme ne pas parler de politique en France… c’est juste pas possible. Tout est fait pour la voiture ! Et le pire c’est que non seulement je n’ai pas de voiture mais en plus je fais du vélo en mini-jupe et talons hauts ! Alors ça, ça les tue aux américains !
« What ??? Tu fais du vélo avec ces talons ???!!!! »
Je n’ai toujours pas compris pourquoi c’était un problème… Enfin malgré la pression qui, comme vous le voyez, est grande, je refuse toujours d’envisager l’achat d’un pickup… (que de toute façon à 35000$ j’aurais besoin de m’endetter sur 10 ans et de manger des patates tous les jours pour me le permettre…).

Le problème quand on fait du vélo, c’est qu’on ne peut pas aller très loin… Alors, me direz-vous, pourquoi ne prends-tu pas les transports « publics » ? Nous y voilà ! Tout concept contenant le mot « public » aux usa veut dire pour les pauvres, drogués, alcooliques et SDF qui sentent mauvais (voir tout en même temps). Pour vous donner une idée, dire à un américain : « pourquoi ne prends tu pas les transports publics ?», c’est comme dire à un européen : « pourquoi n’utilises-tu pas les toilettes publiques ? (Vous savez ceux qu’on trouve dans la rue et où on doit mettre une pièce)». Pour monter dans un bus ici il faut donc avoir le cœur bien accroché, être disposé à faire la conversation avec un névrotique à trois dents, essayer d’expliquer au conducteur du bus qui parle moins bien l’anglais que toi où tu veux aller, être prêt à assister à une dispute conjugale via téléphone de la bonne femme à moitié obèse assise derrière toi et prier pour que le rappeur très agressif au pantalon qui descend jusqu’aux genoux n’ai pas remarqué que vous êtes une femme seule et en mini-jupe qui pèse 55 kg à tout casser… Du coup moi le bus, j’essaie d’éviter !

Ce que je ne savais pas, c’est que aux usa, il y a pire que le bus de ville... il y a aussi:



 GREY HOUND… Grey Hound ça veut dire LE CHIEN DE CHASSE GRIS… et il s’agit d’un bus « public » (rappelez-vous le coup des toilettes) qui fait des routes plus longues que les bus de ville:

Rassurez-vous, il n’y a pas que vous qui ne comprenez pas le lien entre un chien de chasse gris et un bus régional… surtout que traverser les States à dos de chien, ben t'es pas arrivé... ah ben voila! Nous avons trouvé le lien...
    
 Et justement, pour Mémorial Day, j’avais droit à un weekend de trois jours… et comme des jours fériés, j'en ai que 5 pas an, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion pour prendre mes clics et mes clacs et mon maillot de bain et j'ai foncé à Glenwood Springs!!!




Joli, n’est-ce pas ?

Le problème de Glenwood Springs c’est que ça se trouve à 3h30 en voiture de Denver soit 3 jours 30 à vélo (si vous ne vous arrêtez pas et que vous vous piquez aux stéroïdes).

MIKE : « Pas de problème ! T’as qu’à prendre le chien gris ! »

Je me précipite donc sur internet pour acheter mon billet.

MOI : « Ca y est ! J’ai acheté le billet ! »
MIKE :  « Super ! Tu vas voir, c’est folklo ! Quand moi je l’avais pris il y avait des tas de types qui venaient juste de sortir de prison. Je crois que c’est parce qu’il y a une prison sur le trajet. »
MOI : « … … … ».

Le jour J, me voilà arrivée à la gare routière. À l’entrée, un jeune drogué qui tremble et qui sue tout ce qu’il peut essaie de s’allumer une cigarette, ça sent mauvais et le taux d’obésité atteint les 90% (aux usa, plus on est pauvre, plus on est gros). Je monte dans l’autobus, c’est blindé ! La langue officielle est l’espagnol! Je me dirige vers le fond et m’assoie finalement à côté d’un jeune qui à l’air à peu près normal. A côté il y a un type qui pèse 300 kg accompagné de sa fiancée de 150 kg. 

Chose incroyable, ils voyagent côte à côte… certes, la fesse du type dépasse un peu… mais c’est bon, ça rentre… moi je ne dis rien et si quelqu’un me parle j’utiliserai ma stratégie du feu de Dieu : « Ay donte spique angliche! ». 

Pour vous donner une idée du décor, voici les photos:




On se sent a l'aise dans le chien gris...

Le black assis derrière moi est très agité :
LE BLACK : « Toi ! (pas moi heureusement !) Tu es un sale blanc raciste ! Les américains vous êtes des racistes ! Vous n’aimez pas les noirs ! T’aimes les noirs toi ? »
LES AUTRES : « Bon allez, tais-toi, ici tout le monde aime tout le monde. »
LA SANDRINETTE : [Dans ma tête : « Euh… non… pas moi… »]
LE BLACK : « Vous dites ça mais vous n’aimez pas les noirs, les blancs se sont des cochons, ils sont sales ! Les américains, ils puent ! »
LA SANDRINETTE : [Dans ma tête : « Bon là pour le coup il a raison… »]
LE BLACK : « Toi, t’aimes les noirs toi ? » … et là « toi », c’était moi…
LA SANDRINETTE : « Ay donte spique angliche »
LE BLACK : [en francais] « Oh ! T’es francaise ? »
LA SANDRINETTE : « !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!..... !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!..... !!!!!!! »
Vous croyez que c’est possible vous ?????? Il a fallu que je prenne le seul bus de tout le Colorado avec un immigré illégal malien fol dingo qui parle français à son bord!!!!

…le bus n’avait pas encore démarré….

Me voilà donc en train de faire la conversation en français avec ledit immigré illégal malien fol dingo. Le reste des passagers est perplexe… (enfin pas autant que moi).
LE TYPE : « Les américains ils puent ! Ils se lavent pas !
MOI : « Ah »
LE TYPE : « Franchement, c’est de la saleté ! »
LE TYPE : « T’es toute seule ici ? »
MOI : « Non, je suis mariée »
LE TYPE : « Il est où ton mari ?
MOI : « A la maison »
LE TYPE : [Pété de rire] « Et il te laisse comme ça toute seule ? Bon puisque il n'est pas là, c’est moi qui vais m’occuper de toi »
MOI : « … … … euh… non je ne crois pas là ! »
LE TYPE : « T’as quel âge ? »
MOI : « 28 »
LE TYPE : « Oh ! Franchement ? T’es vieille ! »
MOI : « … … … Oui ben essaie d’être un peu moins franc la prochaine fois… ! »
LE TYPE : « C’est quoi ton travail ? »
MOI : « Je suis traductrice pour un cabinet d’avocats »
LE TYPE : « Oh ! T’es une professionnelle ! »
MOI : « Euh… oui… c’est quoi une professionnelle ? »
LE TYPE : « Ben une professionnelle ! Une qui professe ! »
MOI : « … euh… ça doit être ça… »
LE TYPE : « Je sais que tu es une bonne femme ! Tu sais comment je le sais ? À cause des boutons que tu as sur le visage » [référence très élégante à mes boutons d’acné…]
MOI : « Bon tu me gonfles là ! »
Entre temps, un jeune homme qui semble à peu près normal mais qui semble aussi estomaqué que moi de me voir parler français avec un immigré illégal analphabète et fol dingo, me dévisage.
LE BLACK : [S’énerve et fait des grands gestes] « Quoi ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il a celui-ci à te regarder ???? »
MOI : « Euh… on va se calmer là !... »
LE BLACK : « Non mais franchement, s’il y a quelque chose entre vous deux, il faut me le dire !!!! »
MOI : « Non mais là on va bien se calmer !!!! Me regarde qui veut !!!! »
LE BLACK : « Attends ! C’est qui celui-là ! Il n’a pas à te regarder !!! C’est moi qui parle avec toi ! »
MOI : «  Bon ben ça suffit ! Moi je parlais avec toi pour être polie, mais puisque c’est comme ça, ça suffit ! Maintenant tu te tais ! Je vais me reposer et écouter ma musique ! »
LE BLACK : « Il te regarde, il continue ! »
MOI : « Chuuuuuuuute !!!!.... »
….
….
….
Un peu plus tard, le type assis devant moi, aussi fol dingo que celui assis derrière, montre ses pieds à tout le monde… il a des champignons qui poussent dessus…. Il met évidemment ses pieds sur le siège… Moi à ce stade, j’ai essayé d’arrêter de penser pour éviter de faire un remix de « Femmes au bord de la crise de nerfs ».

Il restait encore 2h00 de route…


Bon voilà, ça c’était l’allée ! Et après l’allée il y a…
VOUS : « LE RETOUR ! »
MOI : « … oui malheureusement… ».
Moi j’étais déjà traumatisée avant de monter dans l’autobus.
À mon grand étonnement, il n’y avait presque personne ! Je m’assoie donc toute seule et commence à écouter mon MP3 [… alors pour ceux qui voudraient se moquer, sachez que oui, j’ai encore mon MP3 que mes amis m’avaient offert en 2005 avant que je parte pour ma grande aventure autour du monde… oui enfin autour de l’Europe. Comme vous le voyez, c’est le meilleur cadeau qu’on est pu me faire. Il a tenu mes oreilles occupées dans des dizaines de pays différents et il marche toujours !]. J’étais donc en train d’écouter  le grand DAVID BISBAL!!!! :



 (elle s’éclate la Sandrinette dans le chien gris !!!) quand tout à coup, j’ai entendu crier. C’était le chauffeur qui s’engueulait avec une voyageuse. La nana n’avait certainement pas plus de 24 ans mais sa peau et ses yeux étaient ceux d’une femme de 50 qui n’a jamais utilisé de crème hydratante de sa vie. [J’en profite donc pour lancer un appel aux instituteurs : si vous voulez expliquer à vos élèves pourquoi il ne vaut mieux pas se droguer, je peux vous passer les coordonnées de la fille. Pour les traitements chocs avec les adolescents vous pouvez aussi faire un tour en chien gris… c’est radical !]. Malheureusement pour vous, j’ai préféré remettre mes auriculaires donc je n’ai jamais su quel était le problème.

Le bus n’avait pas encore démarré…

Contrairement à toute attente, le trajet se passe merveilleusement bien. David Bisbal à fond dans les écouteurs, je scrute avec une curiosité presque morbide le visage difforme de la nana enragée qui parle avec un autre voyageur et je prends des photos du joli paysage. 










Puis tout à coup on commence à sentir une odeur à fumée… 10 seconde plus tard le bus pile comme un fou et s’arrête en toute urgence sur la bande d’arrêt du même nom.
Réaction de Sandrinette l’européenne qui a vécu en Italie : « Oh pu…réeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee de pataaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaate ! Maintenant il va falloir attendre les renforts qui diagnostiqueront que le bus est irréparable, puis les autres renforts qui viendront nous secourir, voir le bus suivant avec des obèses et des maliens analphabètes fol dingos avec qui on devra se serrer comme des sardines ! Bref ! On n’est pas rentrés à la maison avant 2h00 du mat [6h00 en Italie]!!! »
Et là t’as le conducteur qui se précipite au fond du bus sous les regards interrogateurs de tous les passagers.
Réaction de la Sandrinette : « Oh pu…réeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee de pataaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaate ! On brule par l’arrière !!! Maintenant va falloir évacuer !!! »
Puis… c’est la consternation… Le chauffeur du bus gronde, hurle, lance des sommations… il s’engueule avec qui ? La droguée du bus ! Figurez-vous que la fille s’était cachée dans les toilettes pour fumer ! Ce qu’elle ne savait pas c’est que le bus recyclait l’air. Elle a donc enfumé tout le bus en moins d’une minute ! Le type hurle et elle aussi. « Je vais m’arrêter à la prochaine sortie d’autoroute et la police va venir vous chercher », ELLE : « C’est pas juste ! J’ai payé mon billet ! Je vais me plaindre ! Ne croyez pas que je ne vais pas me plaindre parce que je vais le faire !! Je n’ai pas fumé ! » LE CHAUFFEUR : « La police va venir vous chercher point ! Mettez vos chaussures (oui parce que la fille elle marche pied-nu dans le chien gris… enfin vous me direz, vu son visage, au point où on en est…).

Et ben vous savez quoi ? Le chauffeur a fait ce qu’il a dit, il s’est arrêté à la première sortie d’autoroute ! La fille est descendue et la police est arrivée… On ne l’a plus jamais revue… mais nous, nous sommes arrivés à l’heure et sains et saufs !


Alors voilà, la rebelle que je suis, aura flanché sur le McDo, sur les petits drapeaux américains et les gâteaux des boy-scouts… mais non, malgré la terrible pression du chien gris, des maliens fol dingos et des droguées qui fument dans les toilettes, je ne m’achèterai pas de voiture ! La prochaine fois que je voudrai partir en weekend… j’en louerai une…