vendredi 28 mars 2014

Avoir une voiture aux USA… oui j’ai besoin d’écrire un post rien que sur ça….

Comme certains d’entre-vous le savent déjà, j’ai une voiture depuis… 3 semaines… je suis donc devenue une experte !... voici ce que vous devez savoir avant de vous adonner aux joies du métro voiture, boulot, boire un coup avec les copains, dodo….

1. Étape numéro 1 (et pas des moindres…) passer son permis de conduire


C’est un scoop ! Votre permis de conduire européen n’est pas valable aux USA… vous pouvez l’utiliser pendant 3 mois mais après il faut passer le permis américain, le vrai ! Après tout, ils ont raison. Que vaut un permis qui vous aura couté 2000 euros, 20 heures de conduite (pour ceux qui sont doués, 45 pour ceux qui le sont moins), 300 heures d’entrainement pour déjouer les questions pièges du code, 3 tentatives ratées pour avoir calé au feu rouge et plusieurs années d’expérience dans les folles rues de Paris pour les parisiens, de Pau pour les palois ? (bon d’accord les palois devraient repasser leur permis aux USA…).

Me voilà donc levée à 6h du mat, partie à la DMV à 7h15 pour repasser le permis de conduire… évidemment, c’était AVANT le permis de conduire, donc j’y suis allée en busss (notez le « s » à la fin de « bus »). Pour une raison qui m’échappe, tu ne peux arriver à la DMV qu’en voiture… donc me voilà partie... deux busss, une heure de route, et 10 minutes à marcher sur le bas coté de la route sans trottoir plus tard, j’arrive enfin à la DMV. Sur la porte il est écrit en gros: « ici, nous ne faisons pas passer le permis de conduire »… [je ne ferai aucun commentaire la dessus parce que rien que d’y repenser, ça m’énerve…]. Je reprends donc deux autre buss, mais pas les mêmes pour gagner du temps, je rate le stop donc finalement je perds du temps, je m’arrête plus loin et attends un autre bus. Le bus n’arrive pas, je me rends compte que je ne suis pas en train d’attendre au bon arrêt. Je prends finalement le bon bus mais je rate la correspondance. J’arrive à l’autre DMV à 10h30 du matin… [je ne ferai toujours aucun commentaire pour essayer de ne pas me re-ènerver…].

Heureusement, devant la DMV il y a une auto-école ou tu peux faire le code et le test de conduite. Certes il faut payer, mais ça évite d’attendre. Je me présente donc pour passer le code. Les questions sont vraiment très difficiles :

- Si la limite de vitesse est de 40 miles/heure et que les autres voitures roulent à 50 miles/heure, il faut :
a) Rouler à 50 miles/heure comme tout le monde (petits moutons !)
b) Rouler à 30 miles/heure (serait-ce un piège ?)
c) Rouler à 40 miles/heure (je ne sais pas… j’hésite…)

- Avoir son permis de conduire c’est :
a) Un droit (de l’homme et du citoyen… c’est Robespierre qui l’a inscrit dans la constitution)
b) Un devoir (étais-je donc hors la loi tout ce temps ?)
c) Un privilège (God bless America !)

- Si tu vois un piéton:
a) tu t’arrêtes (s’il n’y a pas de verglas)
b) Tu accélères et tu l’écrases
c) bon d’accord, j’avoue, celle-ci c’est moi qui l’ai inventée… (les autres par contre sont authentiques !).
J’ai donc réussi le code haut-la-main ! Sauf une question qu’ils ont surement dû piquer au code français :

- Il faut allumer les feux :
a) Quand on roule sur l’autoroute
b) Du lever du soleil au coucher du soleil lorsque la visibilité est de moins de 500 mètres
c) Du coucher du soleil au lever du soleil lorsque la visibilité est de moins de 1000 mètres
Moi j’ai pas fait gaffe parce que j’étais concentrée sur les mètres et du coup j’ai dit qu’il fallait allumer les feux du lever au coucher du soleil… c’est-à-dire en pleine journée…. Ils m’ont eu ! C’était un piège !

Bon bref, après le code il y a eu le test de conduite ! Je m’en vais donc avec l’examinateur et sa voiture sur les routes de Denver. Le test a duré à peu près 15 minutes. Voici mes exploits :
                
                Exploit 1 : « Tournez à gauche »… « peut-être que vous devriez vous mettre sur la bande de gauche si vous voulez tourner à gauche… »…

                Exploit 2 : « changez de bande »… « attention à votre vitesse ! » (limite à 35, La Sandrinette est à 45….)

                Exploit 3 : « quand vous voulez changer de ligne, évitez de mettre le clignotant au dernier moment… »

Résultat du test : « Bravo Madame, c’était un très bon test, vous êtes reçue ! »… Est-ce qu’il y a quelqu’un de plus perplexe que moi ? En France, il m’aurait fait descendre de la voiture après 5 minutes, genre : « oui ben représentez-vous après avoir fait 45 heures de plus de leçon de conduite ».
Pour finir de vous rendre jaloux, essayez de deviner combien j’ai payé… langue au chat ?... 15 dollars pour le code, 21 pour les frais de DMV, 60 pour le test de conduite avec voiture auto-école inclue (ben oui parce qu’ici normalement tu passes le test dans ta propre voiture… or, je n’allais pas conduire l’autobus quand même !).

Permis in the Pocket le jeudi, je pars acheter une voiture avec ma copine Faustine le samedi :

2. Étape numéro 2 : Acheter une voiture


Alors comme la Sandrinette, ce n’est pas Crésus, je me suis décidée pour une Toyota Yaris 2007 ou 2008. J’en avais trouvé plusieurs sur Internet, pesé le pour, le contre et surtout le prix et me voilà partie avec Faustine pour acheter la voiture idéale. 

Première étape : trouver le concessionnaire… alors ici il faut faire attention parce que les adresses incluent un S./N./W. ou E. qui n’est pas là que pour faire joli… Si tu fais pas attention, tu te retrouves à l’autre bout de la ville… La Sandrinette elle savait pas…. Première tentative d’arriver chez le premier vendeur ratée…. 

Deuxième tentative, nous arrivons bel et bien chez le vendeur : « désolé, je l’ai vendu il y a une heure… [pendant que nous étions à l’autre bout de la ville]… ». 

Troisième tentative la voiture est 1000$ moins chère que ce qui était dit sur Internet et $2000 dollars moins chère que les Yaris de la même année…  Nous avons très vite compris pourquoi après avoir fait le tour du pâté de maisons… 

Quatrième tentative, la voiture pue la cigarette. Le vendeur : « c’est pas la cigarette que vous sentez, c’est les produits qui ont servis à la nettoyer… ». Bon, peu importe, nous partons faire un tour… là nous avons carrément cru que nous n’allions pas finir le tour du pâté de maisons…. Le vendeur : « non mais il faut juste la réparer un peu… tu me donnes une caution, je la répare et c’est bon !... ». 

Dépitées, nous tentons le tout pour le tout avec la cinquième Yaris et…


Le tour est joué !

3. Étape numéro 3 : acheter une assurance pour la voiture


Comme certains savent déjà, je travaille pour une assurance… ça tombe bien ! Je les appelle :
Le Vendeur : « Nous sommes désolés mais nous n’assurons pas les gens avec moins de trois ans de permis… »
La Sandrinette : « Oui mais… UN ca fait bien plus de 3 ans que j’ai un permis, certes, pas l’américain qui est très difficile à obtenir… mais quand même ! DEUX je suis votre collègue ! Celle qui travaille au deuxième étage ! »
J’appelle donc une autre assurance :
La Vendeuse : « Ca fait combien de temps que vous avez le permis ? »
Moi : « Euh… deux jours… »
La Vendeuse : « bla bla bla ? [50 000 questions plus trad…]. Ok donc ça fait 280$ par mois”
La Sandrinette : 


La Vendeuse : « Allô ? »
La Sandrinette : «... deux huit zéro ? [non parce que des fois tu ne comprends pas quand on te parle en anglais...] »
La Vendeuse : « Oui c’est-à-dire que vous avez moins de 3 ans de permis. Mais si vous conduisez bien et que vous n’avez pas d’accident vous finirez par payer beaucoup moins ! [ah ben non... j'avais bien compris...] »
La Sandrinette : « Oui et si je prends le bus je finirai aussi par payer beaucoup moins ! »

Sur les conseils de plusieurs personnes je rajoute Faustine dans l’assurance :
La Vendeuse : « Avec Faustine ça fait 180$/mois »

Alors voilà, en France :
1 conducteur = 1 conducteur et 2 conducteurs = 2 conducteurs

Aux Etats-Unis :
1 conducteur = 15 conducteurs et 1 conducteur + 1 conducteur = 1 conducteur…

Si quelqu’un comprend quelque chose, tant mieux pour lui….

4. Étape numéro 4 : mettre de l’essence dans la voiture


Parce que vous [comme moi] vous croyez que c’est si simple !

Premier plein : J’arrive, j’ouvre la petite porte de là où on met de l’essence, je mets la carte de débit dans la machine, au lieu de me demander mon PIN, elle me demande mon code postal, je sélectionne l’essence, je prends la pompe à essence, la place dans le réservoir et… rien ne se passe… pas d’essence… LA MACHINE : « transaction annulée ». Je refais donc le processus depuis le début, toujours rien… « transaction annulée »… MOI : [Dans ma tête] « il n’y a plus d’essence là-dedans ? ». Je vais donc voir le vendeur. Moi : « Euh… excusez-moi… ça va vous sembler idiot mais je ne sais pas comment mettre de l’essence" [C'est ce que l'on appelle communément un grand moment de solitude]. Le Vendeur : « Il faut lever la poignée ! ». Moi : « ah… ». Je repars à la pompe, refais tout le processus, lève et descends la poignée, lève et descends le tube, secoue le truc dans tous les sens… « transaction annulée » [et là carrément j’ai lâché un « Me cago en la leche !!!!! »… oui quand je m’énerve, je le fais en espagnol et c’est pas très poli… je re-vais voir le type, il souffle et vient avec moi. Figurez-vous que « la poignée » se trouve sur la machine, en dessous de la poignée, la vrai. C’est cette poignée là qu’il faut soulever… 1$ de frai pour chaque transaction annulée… il m’a couté cher le premier plein !

Deuxième plein : [là c’est bon je suis confiante, j’ai de l’expérience !]. J’arrive, je me gare devant la pompe et… ben le tuyau il est pas assez long…. Je remonte et me gare un peu plus près… le tuyau est pas encore assez long… je redémarre et me gare dans l’autre sens… oui mais j’étais encore trop loin… je re-re-re-re démarre et me place (enfin !) à portée de la machine… pendant ce temps, le vendeur me regarde par la fenêtre…

C’est pas du tout la honte de faire le plein aux Etats-Unis !  


Alors je sais pas si vous vous rendez-compte, mais tout ça, ça m’est arrivé en à peine trois semaines… alors franchement, le premier qui me dit que « oui mais on s’ennuie pas aux États-Unis ? », c’est mon permis de conduire, mon assurance, ma carte fidélité essence et ma carte grise dans la figure !

vendredi 21 mars 2014

USA 1 / La Sandrinette 0 ... ou l'histoire de comment je suis devenue américaine en moins de deux semaines....

Vous allez être très déçus… je sais pas trop comment vous l’annoncer… moi qui me vantais dans mon dernier article d’avoir résisté mieux que quiconque à la pression de l’américanisation… ben voilà… j’ai… (oh ! mon Dieu que c’est difficile…)… oui, voilà… j’ai acheté une voiture…

Je sais, je sais… je sais pas ce qui m’a pris…

Voilà ce qui s’est passé :

1. La Sandrinette il y a deux semaines :
La Sandrinette travaillais a dix minutes de chez elle a vélo, dans une superbe bâtisse du début du siècle (c’est-à-dire du début du pays aux États-Unis… c’est comme si vous (les français) vous travailliez dans les grottes de Lascaux….)
Je n’avais ni voiture, ni permis de conduire américain… ce qui est un exploit quand on vit au Colorado.
Et jusqu’au mois de décembre 2013 j’avais un téléphone flip-flop (très chic !) sans connexion Internet, ni Facebook, ni banque en ligne, ni rien de tous ces trucs sans lesquels je ne pourrais plus du tout vivre aujourd’hui.
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes quand… tout à coup: 

2. L’élément declanchant:
Une de mes collègue me dît : « Franchement, je ne comprends pas ce que quelqu’un avec tes qualités personnelles, ton éthique professionnelle et ton niveau d’étude fait ici… (ici = le cabinet d’avocats pour lequel je travaillais) » MOI : « … ? », MA COLLÈGUE : « Pourquoi tu ne postules pas pour travailler dans les assurances ? Tu gagnerais beaucoup plus d’argent ! »
Ça a été le début de la fin… le problème aux États-Unis c’est que même si vous menez la belle vie, vous pouvez être surs que votre voisin en mène une meilleure… c’est ainsi que j’ai soudainement commencé  à me sentir frustrée de gagner un salaire qui me convenait tout a fait 10 minutes auparavant. Mon amie Faustine (qui se reconnaîtra) en sait quelque chose, puisque elle aussi s’est retrouvée assaillie de doutes en apprenant que « quelqu’un » (qui j’espère ne se reconnaîtra pas) venait d’acheter une maison à 800 000 dollars…  
C’est ainsi que je franchisai le premier pas qui allait me mener inexorablement vers ma conversion à l'américanisation :

a) Pas numéro 1 : souffrir d’insatisfaction chronique…

Je fis donc ce que font les gens qui veulent changer de travail, j’envoyai 50 000 CV un peu partout. Curieusement, le seul CV qui reçut une réponse positive, fut celui que la collègue à l’origine de mes frustrations envoya directement à son ex-manager dans une célèbre compagnie d’assurance (avec moult éloges à mon sujet.…).

Je fus donc convoquée pour un entretien d’embauche à 8.30 du matin le mardi… le mardi en question, j’envoyai donc un message urgent à ma « superviseuse » : 

« J’ai été malade toute la nuit, je suis désolée, je ne vais pas pouvoir venir travailler ce matin… euh mais je me sens quand même mieux donc peut-être que je vais quand même pouvoir venir… il se pourrait même que je sois en pleine forme dans quelques heures… souhaite-moi bonne chance… euh ! Pardon ! Souhaite-moi prompt rétablissement… ».

J’ai envoyé ce message depuis mon smart phone (comment faisais-je auparavant pour passer des entretiens d’embauche impromptus sans risquer de me faire virer pour ne pas avoir prévenu de mon absence ?) et j’ai filé dans les « suburbs », autrement dit les banlieues chic, comme celles de Desperate Housewives, pour passer mon entretien. Comme je suis une fille pas du tout stressée, j’y suis arrivée avec une heure d’avance… « pas grave ! je vais aller prendre un café »… alors voilà, pour ceux qui connaissent pas les États-Unis, ici il y a du « zonage » c’est-à-dire que comme ils ont construit le pays tout d’un coup (pas comme nous qui avons mis au moins 2000 ans), chaque chose ici est à sa place et surtout pas les unes à côté des autres. Donc en Europe, sur 10 mètres carrés tu as un bistrot, un arrêt d’autobus, 10 immeubles d’habitation avec des antennes wifi sur le toit, des petits commerces en bas, un carrefour à coté, un stade de foot et le musée du tournevis. Par contre ici sur dix mètres carrés vous avez… vous avez rien parce que rien ne rentre… donc sur dix mille mètres carrés vous avez soit que des maisons qui sont toutes les mêmes comme dans Desperate Housewives, soit que des magasins pour faire vos courses, soit que des entreprises comme celle où je passais mon entretien, soit que… rien parce que le Colorado c’est très sec alors souvent il n’y a rien, et si tu tombes en panne d’essence… et ben tu meurs déshydraté et mangé par les écureuils. Donc j’ai passé la première demi-heure à essayer de trouver un café (j’ai eu le temps d’arriver jusqu’au premier feu qui se trouve « à côté » de mon entreprise, constater qu’il n’y avait pas de café à dix kilomètres à la ronde et revenir. 
a droite...
a gauche...












J’ai passé l’autre demi-heure à essayer de comprendre comment j’allais faire pour pénétrer dans le service où j’avais été convoquée…. Alors oui, comme beaucoup d’entre vous le savent déjà, le Colorado est très connu à l’étranger pour ses montagnes, son climat… et ses tueurs en série qui arrivent au choix, dans une école, ou dans un cinéma, et qui tuent tout ce qui bouge et tout ce qui a cessé de bouger avant de se donner la mort… ou pas… (Colombine, La première de Batman et d’autre que je ne citerai pas pour pas vous affoler, c’est chez nous !). Alors voilà, pour pénétrer dans le service on a besoin d’une carte magique qui ouvre la porte quand tu la passes dans devant un petit boitier. Évidemment, je n’avais pas la carte magique… mais comme je n’avais pas non plus de carabine, ni de kalachnikov, ils m’ont quand même laissée rentrer.

Moi, pour l’entretien, j’étais super bien préparée ! J’avais tout bien révisé. Pour info, (non parce qu’on ne dirait pas comme ça, mais c’est important) je postulais pour un job de « claim adjuster » c’est-à-dire expert d’assurances ou quelque chose comme ça. En gros, si vous avez un accident de voiture aux États-Unis, c’est moi qui mène l’enquête pour savoir qui est en faute et qu’est-ce qui va être pris en charge ou pas (plutôt pas d’ailleurs) par l’assurance. (oui c’est moi la « c…… » qui te donnes 3000 euros pour ta voiture qui en vaut 8999…). Et la t’as les français qui disent : « ah bon ? Je ne savais pas que tu avais fait des études de… euh de… oui d’expert d’assurance…. ».  Et bien figurez-vous qu’aux États-Unis, pas besoin de faire des études de droit pour travailler dans un cabinet d’avocats, pas besoin, non plus, d’avoir fait des études de « claim adjusting » pour travailler dans une assurance… juste besoin d’avoir l’air de pouvoir apprendre. J’avais aussi un gros avantage, c’est que dans le cabinet d’avocats je travaillais contre les experts d’assurances. En gros, je leur écrivais des lettres pour leur dire pourquoi je voulais qu’ils donnent 50 000$ de dommages et intérêts à mon client qui avait souffert un petit accroc avec leur assuré (et c’étaient les avocats qui signaient la lettre... ils sont utiles les avocats aux Etats-Unis...). 

Je connaissais donc tout : les blessures typiques d’un accidenté de la route (en anglais ET en espagnol), les termes utilisés par les assurances (en anglais ET en espagnol), gérer les clients difficiles qui ne comprennent rien à ce qui leur arrive (en espagnol) et supporter les avocats qui ne comprennent rien non plus mais qui sont persuadés du contraire (en anglais). Je suis donc arrivée très confiante, puis… le couperet est tombé… oui nous ne cherchons pas un expert d’assurance pour les blessures souffert par les accidentés, mais un expert d’assurance pour les dommages à la propriété… c’est-à-dire aux voitures… la Sandrinette ça fait dix ans qu’elle n’a pas eu de voiture (si on compte sa première et dernière Renault 5 qui tombait en ruine dans la catégorie voiture… sinon on peut bien dire qu’elle n’a jamais eu de voiture…). Après il y a eu la question qui tue : « Citez trois pièces d’une voiture », MOI : [dans ma tête : en anglais ???] « euh… il y a… euh… les roues… [dans ma tête : ça fait quatre, non ?]… euh… l’huile…. Euh… le volant… [ça va si je me suicide la ?] ». Mais ce qui a vraiment fini de m’achever c’était que moi je comptais sur le fait que je parlais espagnol pour avoir un gros avantage sur les autres candidats. Quand j’ai demandé à la femme s’ils cherchaient quelqu’un uniquement pour les clients espagnols, elle m’a dit : « non, pour tous. On a déjà 3 personnes ici qui traduisent… ». Adieu boulot merveilleux…. Je suis donc rentrée chez moi un peu dépitée…

Quand je suis revenue au boulot (le mien… celui du salaire ridicule ! Misérable ! Non mais quand même !) tout le monde était aux petits soins… (rappelez-vous que j’étais censée avoir été malade toute la nuit) : « ça va Sandrine ? », «Tu es sure que tu peux travailler ? », «Tu veux pas retourner à la maison ? », « Pauvre Sandrine… »… moi j’avais un peu la honte quand même…

Le lendemain, je reçois un appel… Je sais pas si c’est le coup de l’huile comme deuxième pièce de la voiture mais… j'ai eu l'honneur d’être choisie!!!!!! J’ai failli en sauter du balcon tellement j’étais contente ! MOI : « Mais c’est merveilleux !!!! Je suis très contente !!!! Excusez mon émotion… ». C’est après avoir raccroché que je me suis rendue compte que peut-être que ça allait être un peu compliqué de négocier mon salaire après avoir montré tant d’enthousiasme…. (oui parce qu’aux États-Unis on peut négocier son salaire).

Alors voilà, j’ai eu deux semaines pour (tenez-vous bien) :

- faire un « background check » : c’est-à-dire qu’ils veulent tous les papiers qui prouvent que vous avez travaillez là ou vous avez dit que vous aviez travaillé…. Y compris ceux d’il y a 8 ans quand je vivais à Séville en Espagne… et comme j’ai pas du tout travaillé au black là-bas… ben ça a été facile à prouver…. J’ai aussi dû fournir tous mes antécédents judiciaires et des copies de ma carte verte, passeport et tutti quanti… On n'embauche pas n’importe qui aux États-Unis…

- Acheter une voiture…. Et acheter une voiture, c’est vachement plus difficile qu’acheter un vélo…

- trouver une banque qui accepte de me faire un prêt pour acheter une voiture (c’est ce que je disais…).

- trouver quelqu’un qui signe le prêt de la voiture avec moi puisque je n’ai pas de « credit history » (c’est-à-dire que je n’ai jamais eu de prêt dans ce pays et donc la banque ne veut pas me prêter…).

- trouver une assurance qui veuille bien m’assurer.

- trouver quelqu’un qui veuille bien s’assurer avec moi parce que comme je n’ai ni « credit history », ni « conduite history » dans ce pays, l’assurance croit non seulement que je ne vais pas la payer, mais en plus que je ne sais pas conduire….

- passer mon permis de conduire américain : code et conduite inclus.

- choisir mes « bénéfits », c’est-à-dire mon assurance maladie et mes « cotisations retraite » auxquels je n’ai toujours rien compris….

Tout ça en travaillant 40 heures par semaines… j’étais pas du tout stressée…

J’ai finalement survécu les deux semaines grâce aux gens (qui j’espère se reconnaîtront) qui m’ont aidée à faire tout ça ! Parce qu’il faut bien dire quelque chose, moi depuis que je suis arrivée ici, j’ai rencontré des gens formidables qui m’ont tous beaucoup aidée. Rien que pour le processus que je viens de vous raconter, j’ai eu : la collègue qui m’a pistonnée, une copine qui travaille pour des assurances qui m’a envoyé une liste de questions qui sont souvent posées pendant les entretiens d’embauche (il n’y avait pas le coup des pièces de la voiture dans la liste…), l’autre copine qui m’a déposée devant l’assurance le jour de l’entretien d’embauche, la copine qui a signé les papiers de la banque avec moi et qui a passé son samedi à me promener de concessionnaires en concessionnaires pour trouver une voiture, le copain qui m’a donné un cours magistral sur les fonds de pension pour que je puisse choisir mes cotisations retraites convenablement et tous les autres copains qui m’ont soutenue et encouragée pendant tout le processus ! Oui, il n’y a pas que les États-Unis qui sont très chouettes aux États-Unis !

Résultat des courses : Maintenant je travaille à « Perpète-Les-Oies » dans un immeuble gigantesquement grand, tout moderne, avec plein de parkings autour et composé de « cubicules » :
Non, ce n'est pas une blague, je
travaille vraiment dans un cubicule...
(la photo n'est pas de mon travail)

Mes nouvelles grottes de Lascaux....










Je me déplace partout en voiture et j’ai même commencé à utiliser une carte de crédit… qui donne vraiment du crédit… histoire de montrer que je suis capable, moi aussi, d’avoir des dettes ! Pas que les américains, non mais oh !.... [pour ceux qui n’ont rien compris, vous pouvez lire mon poste précédent en cliquant ici pour une explication sur les cartes de crédit]…

b. Pas numéro 2 vers l'américanisation : travailler pour une grosse multinationale.

c. Pas numéro 3 vers l'américanisation : passer plus d’une heure et demie par jour dans sa voiture.

d. Pas numéro 4 vers l'américanisation : acheter des choses à crédit…

USA 4, La Sandrinette 0


Sur ce, je vous laisse parce que demain il faut travailler… parce que je veux pas dire mais il n’y a pas que la vie dans la vie, il y a aussi le travail !... ces français alors !